Production locale – Yes We Can!
Souvent, on entend qu’en Guadeloupe, on ne produit rien et que nous n’avons pas d’industries et aucune « production » ici. Et pourtant : C’est Faux ! Ne sommes-nous pas restés sur des concepts datant de l’ère de l’industrialisation, où « production » équivalait à des produits matériels, comme p.ex. des voitures, ou du savon – avec souvent une « identité pays » du produit, comme pour nous : le sucre, le rhum et la banane, etc. ?
Trois remarques : 1) Aujourd’hui ; la production, c’est la création de la valeur ajoutée : À travers le monde, la difficulté n’est plus de les produire les produits matériels, mais de les commercialiser (et pour cela de bien les concevoir) ; la valeur ajoutée se crée principalement dans la conception, la commercialisation et dans les services liés au produit et non dans sa production. 2) La production de services (p.ex. Tourisme, Commerce, Santé, Qualité de Vie et de Travail, Informatique, etc.) crée aujourd’hui généralement beaucoup plus de valeur ajoutée que la production de biens matériels. 3) Aujourd’hui, à travers le monde, les produits sont composés d’apports venant de pays différents et les identités des produits deviennent de plus en plus internationales.
Qu’est-ce que ça veut dire pour nous en Guadeloupe ? Avec la distribution, nous avons déjà une bonne partie de la commercialisation dans notre pays, une activité qui crée de la valeur ajoutée à l’intérieur de notre pays à travers la commercialisation. Elle assure également l’existence du nombreux personnel de ce secteur, tandis que la production même de ces produits est souvent automatisée ou s’effectue à bas salaire à l’étranger et ne crée donc pas beaucoup de richesse en elle-même.
Nous nous attachons beaucoup à la valorisation des produits locaux avec une identité Guadeloupéenne — c’est bien, mais nous avons tendance à oublier la richesse première du pays : les hommes et femmes, leurs compétences, leur savoir-faire. Aujourd’hui, cette richesse ne se valorise guère dans une production industrielle ou agricole locale, mais plutôt par les services et l’information, par la compétence, la performance et l’être humain en équipe. En plus, il semble très peu probable que nous pourrions être compétitifs dans la production industrielle et agricole si nous aspirons à une rémunération à la hauteur de notre niveau de vie. En revanche, dans les services et l’information, nous avons une bonne chance d’être compétitif. Bien sûr, il est plus difficile de coller une étiquette «Made in Guadeloupe » sur un service ou sur une équipe. Posons-nous la question : Quelle vision de l’économie et de l’entreprise nous amène à vouloir valoriser notre identité par des produits avec une identité pays forte ?
Que faut-il faire pour faire réussir la Guadeloupe et les Guadeloupéens dans l’économie des services ? Nous devons très probablement dépasser notre lecture négative habituelle de l’économie et de l’entreprise. Cette lecture nuit fortement à l’attractivité du pays, car elle déclenche une spirale négative ayant pour conséquence que cette lecture négative devienne réalité : Souffrance, rapports difficiles, conflits, départ des entreprises et de Guadeloupéens compétents qui vont chercher à valoriser leurs compétences ailleurs (là, où il y a une bonne attractivité du territoire). Ce n’est pas seulement la responsabilité de l’état ou des élus d’améliorer cette attractivité ; c’est d’abord une responsabilité de toute la société, c'est-à-dire, ce sommes-NOUS tous, qui sont responsables de donner envie aux Guadeloupéens compétents et aux entreprises de rester voir de venir ou revenir et s’impliquer dans le pays. Il faut commencer à se préparer activement à saisir les opportunités de l’économie de marché globalisée, et à en surmonter les effets négatifs.
Est-ce que la réussite des Guadeloupéens en tant qu'acteurs dans les services ne valoriserait pas mieux nos identités Guadeloupéennes?
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